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Une pasteure se lance dans le roman noir

Polar
Entre chaire et crime, Vanessa Trüb brouille les pistes avec un premier roman policier sombre et haletant. Dans De pierre et de chair, elle mêle spiritualité et folie meurtrière autour d’une famille paysanne.

Avant de prendre la plume pour l’écriture de ce livre, Vanessa Trüb a exercé son ministère pendant douze ans dans le canton de Vaud, puis à Genève, où elle officie depuis 2011. La pasteure originaire du sud de la France écrit depuis toujours: prédications, articles, méditations, mais aussi nouvelles et pièces de théâtre. «L’écriture fait partie du métier pastoral», explique-t-elle. Jusqu’ici, ses obligations lui laissaient toutefois peu de temps pour ce hobby. Mais l’an dernier, le départ de la dernière de ses enfants lui a offert davantage de liberté: passionnée de polars, Vanessa Trüb a enfin pu se consacrer à ce genre littéraire. «C’est pour moi une forme de catharsis qui me permet d’explorer les questions du sens de la vie, du mal et de ses origines insondables, mais aussi de partager une réflexion théologique, sans prosélytisme.»

Ce premier roman s’ouvre sur un crime sanglant: par une matinée glaciale de décembre, le corps d’une adolescente de 17 ans est retrouvé atrocement mutilé dans la neige, près d’une route de campagne. Une pierre à la place du coeur. Cet assassinat d’une rare violence bouleverse toute une communauté. Pulsion sadique, règlement de comptes entre dealers, vengeance? «Nathan s’approcha du corps en faisant abstraction de tout le reste. Il s’imprégnait de l’environnement, notant les moindres détails.» L’inspecteur et son équipe mènent l’enquête et suivent plusieurs pistes de front. Entre lac, vignes et montagnes enneigées, l’auteure plante son décor dans la région vaudoise de La Côte qu’elle connaît bien. «Le froid lui mordait la peau. Le vent le transperçait de part en part. Il ne put s’empêcher de frissonner malgré sa polaire. 

Saleté de bise noire», lâche l’enquêteur. Derrière les paysages bucoliques et les villages encore empreints d’authenticité se cachent pourtant des secrets bien gardés et des souvenirs douloureux qui remontent peu à peu à la surface…

La question de la résilience
Une jeune pasteure, moderne et dynamique, participe à l’enquête policière. Ce personnage, qui n’est pas sans rappeler l’auteure, permet de donner un aperçu de la vie paroissiale, de la liturgie réformée ainsi que d’une vision d’un Dieu qui accompagne et qui aime, explique l’auteure. Un rôle qui intrigue l’inspecteur de police : « Qu’est-ce qui pousse à embrasser une telle vocation ? »

Le style fluide et rythmé de Vanessa Trüb capte l’attention du lecteur. Les rebondissements s’enchaînent tandis que les personnages principaux affrontent leurs propres doutes et blessures. « Au fil de l’enquête, on découvre également que ce meurtre apparemment local est lié à la grande Histoire et qu’il est la conséquence de certains choix politiques, d’une certaine vision du monde dans laquelle l’Eglise est également impliquée, en mal comme en bien», confie encore la romancière qui revendique un certain militantisme.

Pour Vanessa Trüb, écrire un polar est aussi une autre manière de transmettre ce qu’elle partage déjà en chaire avec ses paroissiens et catéchumènes. De pierre et de chair aborde la question de la résilience: la recherche de vérité devient ainsi un chemin de guérison, une possibilité de se relever malgré les drames. Une première fiction noire, ancrée dans l’expérience humaine, sensuelle et spirituelle, qui ne restera sans doute pas sans suite. L’auteure genevoise s’est déjà plongée dans l’écriture d’un deuxième tome, prolongeant le fil de son récit, explorant en profondeur la psychologie des personnages et leur univers…

Côté pratique
De pierre et de chair, Vanessa Trüb, Editions Favre, 288 pages, en librairie depuis le 6 novembre. 

Vendredi 28 novembre, dès 18h, séance de dédicaces à la librairie Payot de la gare Cornavin, puis le 4 décembre chez Payot Lausanne.