Pourquoi les Eglises protestantes françaises sont-elles attachées à la laïcité?
Pourquoi les Églises protestantes Françaises sont elle en générale attaché à la "laïcité à la Française" qui me semble comme un "athéisme d'Etat"? Je pense que le message de Jésus nous informe qu'il faut s'intéresser à la vie de la cité, donc créer un lien entre Églises et cités, bref, le contraire de la laïcité en France ?
Bonjour David,
La raison principale de cet attachement est historique: la "laïcité à la française"
a été en effet obtenue après une longue lutte. La France était un pays où l'Eglise
catholique avait de très grands pouvoirs politiques. Faut-il rappeler le passé
de persécution des Huguenots? Le fait que ce n'est que la Révolution qui a permis
une reconnaissance civile des protestants et des juifs? et que la plupart des
protestants étaient favorables à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat
pour éviter une mainmise de l'Eglise catholique dans le domaine politique? Donc,
il y a là un attachement historique fort, très lié à la spécificité française.
Aujourd'hui? Qu'en est-il de la position protestante?Il me semble qu'elle est
beaucoup plus nuancée que ce que vous décrivez: les Eglises protestantes sont
attachées à la laïcité, mais défendent une laïcité ouverte, en étant critique
face à une forme de laïcisme, qui est devenue si ce n'est un "athéisme d'état",
du moins un ersatz de religion qui combat tout fait religieux et toute expression
publique de la religion (le délire autour du voile et des lois sur la laïcité
est un bon exemple de ce laïcisme étroit). Selon le laïcisme, les religions ne
peuvent être qu'une affaire privée, sans résonance dans la sphère publique,
les Eglises, elles, prétendent (comme vous le dites) qu'elles ont vocation aussi
à une parole publique et à un engagement "politique" au sens noble, au service
de la cité. D'où l'idée de laïcité ouverte: la laïcité permet un "agnosticisme"
de l'Etat, une certaine neutralité dans les questions religieuses, tout en créant
un espace démocratique où le fait religieux (et donc les Eglises et autres religio
ns) ont leur place, un peu à l'image des comités d'éthique où les prises de
position des Eglises sont entendues et prises en compte dans les décisions finales,
comme une voix parmi d'autres de la société française.
Il me semble que cette voie est la bonne, l'Etat ne s'inféode ainsi pas à une
Eglise ou à une religion (car c'est la grande tentation des Eglises que de chercher
à imposer leurs convictions à l'ensemble de la société!) mais ne développe non
plus pas un "athéisme d'Etat" de type communiste, qui se transforme en religion
bornée. L'Etat régule, permet la bonne cohabitation des différentes confessions
et religions, laisse s'exprimer et débattre les différentes convictions (dans
les limites de la Loi, d'où une certaine vigilance face aux mouvements extémistes).
La raison principale de cet attachement est historique: la "laïcité à la française"
a été en effet obtenue après une longue lutte. La France était un pays où l'Eglise
catholique avait de très grands pouvoirs politiques. Faut-il rappeler le passé
de persécution des Huguenots? Le fait que ce n'est que la Révolution qui a permis
une reconnaissance civile des protestants et des juifs? et que la plupart des
protestants étaient favorables à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat
pour éviter une mainmise de l'Eglise catholique dans le domaine politique? Donc,
il y a là un attachement historique fort, très lié à la spécificité française.
Aujourd'hui? Qu'en est-il de la position protestante?Il me semble qu'elle est
beaucoup plus nuancée que ce que vous décrivez: les Eglises protestantes sont
attachées à la laïcité, mais défendent une laïcité ouverte, en étant critique
face à une forme de laïcisme, qui est devenue si ce n'est un "athéisme d'état",
du moins un ersatz de religion qui combat tout fait religieux et toute expression
publique de la religion (le délire autour du voile et des lois sur la laïcité
est un bon exemple de ce laïcisme étroit). Selon le laïcisme, les religions ne
peuvent être qu'une affaire privée, sans résonance dans la sphère publique,
les Eglises, elles, prétendent (comme vous le dites) qu'elles ont vocation aussi
à une parole publique et à un engagement "politique" au sens noble, au service
de la cité. D'où l'idée de laïcité ouverte: la laïcité permet un "agnosticisme"
de l'Etat, une certaine neutralité dans les questions religieuses, tout en créant
un espace démocratique où le fait religieux (et donc les Eglises et autres religio
ns) ont leur place, un peu à l'image des comités d'éthique où les prises de
position des Eglises sont entendues et prises en compte dans les décisions finales,
comme une voix parmi d'autres de la société française.
Il me semble que cette voie est la bonne, l'Etat ne s'inféode ainsi pas à une
Eglise ou à une religion (car c'est la grande tentation des Eglises que de chercher
à imposer leurs convictions à l'ensemble de la société!) mais ne développe non
plus pas un "athéisme d'Etat" de type communiste, qui se transforme en religion
bornée. L'Etat régule, permet la bonne cohabitation des différentes confessions
et religions, laisse s'exprimer et débattre les différentes convictions (dans
les limites de la Loi, d'où une certaine vigilance face aux mouvements extémistes).
