Bonjour,

En vous posant ces questions, en ayant des doutes par rapport à l'histoire de votre Eglise, en faisant part de vos critiques, vous vous révélez être... un bon réformé! En effet, la devise de l'Eglise réformée est "Ecclesia reformata, semper reformanda" "Eglise réformée, qui doit toujours se réformer", et une certaine distance vis-à-vis de l'Eglise en tant qu'institution humaine (trop humaine, bien souvent!) est un des signes caractéristiques du protestantisme! Donc, ne vous formalisez pas au sujet de vos doutes!

En ce qui concerne ce qui vous pose problème : la "prédestination", il est vrai que cela a été un point fort de la théologie de Calvin. Le but premier était d'affirmer le caractère totalement immérité du salut, reçu par pure grâce! C'était donc une affirmation joyeuse, de l'ordre de l'émerveillement et de la louange. Le problème est que cette affirmation est entrée dans le domaine de la logique rationelle (déjà chez Calvin, mais plus encore chez ses successeurs) d'où des dérives dogmatiques avec les implications sociales que vous évoquez! C'est en effet fort problématique, et c'est certainement pourquoi ce thème n'est plus au centre des théologies réformées modernes. Il faut savoir aussi que les Eglises réformées blanches d'Afrique du Sud qui défendaient l'apartheid n'ont pas été reconnues par l'Alliance réformée mondiale qui rassemble les réformés du monde entier!

Pour le baptême des enfants: Il est vrai que Jésus a été baptisé adulte, mais il recevait le baptême de repentance de Jean (de sens différent du baptême chrétien!). La plupart des premiers chrétiens étaient baptisés adultes, mais il semble dans les Actes que des familles entières pouvaient recevoir le baptême (donc, y compris les enfants? C'est discuté!). Le sens du baptême est double : Il est d'abord le signe de l'Amour et de la grâce divine qui prend l'initiative et offre son alliance aux êtres humaines et la réponse humaine à cette alliance, par la repentance, la confession de la foi et une vie sous la grâce de Dieu. Le baptême des enfants met en avant le premier élément (la partie de réponse étant donnée par l'engagement des parents au moment du baptême et par la confirmation par le baptisé à l'adolescence ou à l'âge adulte de son baptême), le baptême des adultes insiste plus sur l'aspect de réponse et de confession de la foi (avec le risque de mettre des "conditions" au baptême et de le transformer en "examen de la foi et des moeurs", de rétablir donc une théologie du mérite)..Dans les Eglises réformées, il y a débat à ce sujet. Le baptême des enfants y est la règle, mais de nombreuses familles demandent une "présentation" de leur enfant pour que ce dernier puisse plus tard, le cas échéant, demander le baptême.

Pour la tristesse des Eglises réformées, ce n'est pas une question dogmatique! J'ose espérer qu'il existe aussi des Eglises réformées joyeuses et témoins de l'espérance chrétienne...Mais il est vrai que les réformés sont plutôt austères et peu exubérants (du moins en Europe!)...Cela peut toutefois être changé: à vous d'apporter  dans votre paroisse un peu de la joie qui semble faire défaut!