Je vais en un premier temps vous décevoir : pour moi l’esprit n’est pas, selon le christianisme, éternel. L’âme ne l’est du reste pas davantage. Nous n’avons rien d’éternel en nous ! Cf. I Corinthiens 15.36, 42, 53, 54. L’idée qu’il y aurait une particule d’éternité en l’homme provient du monde indo-européen et en particulier grec, celte… Dans le monde sémitique ancien – sans que cela soit modifié par le Nouveau Testament – l’être humain est tout entier mortel. Dieu peut lui donner l’immortalité lors de la résurrection qui est une recréation à partir du souvenir que Dieu a gardé de nous dans ses grands livres.

        Qu’est-ce ensuite, dans ce contexte, que l’esprit et qu’est-ce que le corps ? Le corps est ce qui nous relie à ce qui est de ce monde : ce qui nous permet par exemple de le percevoir. L’esprit caractérise le lieu « intérieur » où nous nous rapportons à nous-mêmes, à l’absolu, donc où nous réfléchissons, choisissons, croyons… Vous avez alors pleinement raison : il est essentiel que nous trouvions un équilibre entre notre intériorité et notre extériorité. Le corps n’est nullement à mépriser ni l’esprit à enfler. L’inverse non plus ne doit pas avoir cours si nous désirons vivre de manière épanouie. L’équilibre authentique n’existe cependant que pour qui reçoit tant son esprit que son corps de Dieu et les met tous deux au service de Dieu. Alors il n’y a plus d’antagonisme entre l’esprit et le corps, mais un être humain qui est un et qui connaît le sens de sa vie.