Vos questions, à vrai dire votre témoignage, montre la crise des discours normatifs - qui veulent dire comment on doit se comporter - depuis, disons pour simplifier, les années 70. On aime dire que les gens ne savent plus à quelles valeurs morales se fier... C'est que notre perception de la réalité a profondément changée. Vous commencez par écrire : « On dit que la sexualité est réservée exclusivement aux gens mariés » ! Or, avant ! (sous nos latitudes) la sexualité c'était tout simplement une... maladie... une déformation... bref, un péché. Cela, juste pour souligner combien votre questionnement fait partie du « changement », s'exprime dans la vision et avec les mots de ce « changement ». Ce changement, il faut aussi s'en rendre compte, n'est pas universel ! La plus grande partie de l'humanité ne partage pas notre conception du monde, de la sexualité et de la liberté.

Et même, dans le christianisme, nous ne sommes pas unis. Nous savons que l'Église catholique romaine tient un discours très stricte - fidélité conjugale, refus du divorce, interdiction de l'avortement, du préservatif même - ces discours, pour des raisons différentes, rejoignent beaucoup de protestants. Personnellement je ne partagepas ces prises de position définitives et tranchées.

Mais en fait, qu'est-ce qui rend « la chose » si compliquée ? Il y a d'abord la disparition des rôles traditionnels comme la femme au foyer et l'homme au travail. Puis la découverte du droit au plaisirs : pourquoi la femmen'aurait-elle pas droit au plaisir sexuel ? Puis la conception (qui n'est pas évidente du tout) de la valeur de chaque individu, donc du respect, donc de l'acceptation de ce qui me paraît évident à moi ne l'est pas forcément pour lui (et vice-versa). L'importance de notions comme la liberté, la démocratie etc...Il faut bien dire que nous ressemblons un peu à des vacanciers perdus dans un labyrinthe.

Vu de haut, nous verrions certainement le bon chemin à prendre ! Mais voilà, il nous manque (pour l'instant) cette distance. Dieu, je le crois, voit de haut, mais ses prophètes, pasteurs, curés et autres prédicateurs - y compris les écrivains bibliques - parlent la langue des humains, donc partagent notre situation de labyrinthe !

QUE FAIRE demandez-vous ! J'aimerais vous répondre : QUE DESIREZ-VOUS FAIRE avec vos qualités, vos atouts, vos limites ? Avous lire, j'ai l'impression que, plus d'une fois, vous avez laissé d'autres agir ou prendre (ou ne pas prendre) les devants. Il n'y a que vous qui savez ce que vous voulez - un mariage, des enfants - comme il n'y a que vous qui savez de quoi vous désirez parler avec un homme. La plupart des amis ou les émissions tv populaires n'ont pas à l'emporter sur vos opinions (d'ailleurs les avis sont si divergents aujourd'hui !). Ecoutez-vous ! Quel projet de vie avez-vous dans votre tête et que faites-vous pour le réaliser ? Il existe des personnes qui savent nous aider à trouver un chemin (psychologues, coaches ...) mais il n'y a que vous qui savez où vous désirez aller !

Bon courage... Pierre Dürrenmatt