Un cours très pratique

©Elise Dottrens
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©Elise Dottrens

Un cours très pratique

Enseignement
Pendant huit jours, neuf étudiants de l’Université de Lausanne apprendront en marchant. Ce cours sur le pèlerinage, qui les mènera jusqu’au col du Grand-Saint-Bernard, est donné par le professeur Olivier Bauer.

C’est un groupe de marcheurs pas comme les autres qui arpente le Chablais ce lundi 8 septembre
Sac au dos, chaussures de marche, on pourrait croire à des randonneurs de plaisance, mais leur objectif est autre: ils sont en cours de bachelor. En effet, depuis cette année, les étudiants en théologie et en sciences des religions ont la possibilité de s’inscrire à un cours sur le pèlerinage avec une expérience pratique à la clé. Ils effectueront les 125 km du tronçon de la via Francigena entre Lausanne et le col du Grand-Saint-Bernard.«Il y a deux intérêts à ce cours: expérimenter la marche, avec la douleur, la fatigue, la pluie, etc., fait partie de l’exercice. Il y a aussi les conditions d’accueil, parce qu’ils logent quelquefois chez l’habitant», explique Olivier Bauer. Avant d’ajouter: «Le deuxième objectif est d’intégrer l’environnement dans l’enseignement et de travailler à partir de ce qui existe. On apprend mieux sur l’histoire et les enjeux d’une région en la visitant.»

Une théorie et des cloques
C’est justement après une visite de lieux emblématiques d’Aigle, comme l’église catholique et celle du Cloître, que le groupe se met en route. Ce jour-là, ils doivent rallier Saint-Maurice via Antagnes et Massongex(17 km). La veille, plusieurs d’entre eux ont développé des cloques lors des 25 km entre Vevey et Aigle, alors ils entament le parcours, heureusement plutôt plat, en Crocs ou en tongs. «J’aime marcher et c’est une occasion unique de se retrouver dans un petit groupe pour faire cette expérience de pèlerinage», raconte Dascha Tur, étudiante en sciences des religions. «L’idée d’avoir un cours sur le pèlerinage en en faisant un donne une dimension différente», ajoute sa camarade de classe Lise Bruttin. «Franchement, pendant huit jours, neuf étudiants de l’Université de Lausanne apprendront en marchant. Ce cours sur le pèlerinage, qui les mènera jusqu’au col du Grand-Saint-Bernard, est donné par le professeur Olivier Bauer.
Un cours très pratique, tous les cours devraient être comme ça!» «Je suis convaincu que ce n’est pas sur les bancs de l’école ou de l’université que l’on apprend le mieux», confirme Olivie rBauer. Car au-de là de la marche, des moments d’enseignement sont organisés. De plus, un étudiant présente quotidiennement un ouvrage sur le thème du pèlerinage ou de la marche spirituelle. Objectif:approcher le pèlerinage sous des aspects théologiques, historiques ou encore géographiques. Et les étudiants sont unanimes: l’enseignement sous cette forme est mieux retenu. Ce midi, au-dessus d’Ollon, Olivier Bauer aborde les différences et similitudes entre pèlerinage et marche spirituelle. Quand est-ce que la marche devient spirituelle, d’ailleurs? Est-ce que tout le monde peut en faire? Est-elle forcément liée à un lieu? «La marche a l’avantage de permettre ou de provoquer un questionnement spirituel. On peut partir par besoin de réfléchir ou sans but défini, et alors là, on peut avoir des illuminations. Elle nourrit une quête de sens.» L’effort régulier mais limité de la marche, explique-t-il, libère l’esprit pour le vagabondage.

Motivation et bonne humeur
Alors que la pluie commence à traverser la densité de la forêt, le groupe se remet en marche. Cette fois, pèlerines et autres protections sont de sortie. La descente sur Ollon est glissante, alors la marche est prudente, mais toujours aussi joyeuse.«Je reste souvent un peu en avant, sans me mêler aux discussions», glisse Olivier Bauer. «Ils ont tout un échange sur le religieux. Ils peuvent s’apporter des expériences et connaissances différentes. Les petits groupes se forment, se déforment, selon le rythme et la fatigue. C’est spontané.» «C’est dur!» rigole Lise. «J’ai mal aux pieds! Mais mentalement, ça va. Nous sommes un bon groupe, nous avons pu créer des liens forts et c’est très motivant. Même si j’appréhende un peu la montée sur le Grand-Saint-Bernard.» Dans cinq jours, les étudiants recommenceront les cours traditionnels en auditoire.