Bonjour,

Merci de nous partager votre interprétation. Je ne pourrais, quant à moi, pas m'exprimer dans les mêmes termes que vous au sujet du "bénéfice" de la communion pour ceux qui n'adhèrent pas à la foi chrétienne. Il me semble qu'on trouve derrière vos propos l'antique idée du "ex opere operato" si importante dans la tradition catholique. L'origine de cette idée est que le sacrement est pleinement valide (s'il est célébré par un prêtre avec les formules consacrées) indépendamment de la foi du prêtre (contre les "donatistes" qui remettaient en question les sacrements célébrés par des prêtres indignes), ce que nous pouvons tout à fait être d'accord...mais aussi indépendamment de la foi de celui qui reçoit le sacrement. Or là, il y a risque de transformer le sacrement en quelque chose de magique. Les réformateurs ont toujours lié la "performativité" (pour employer un langage barbare, de la linguistique) ou "l'efficacité" du sacrement à la foi de celui qui le reçoit. C'est pourquoi, selon les Réformateurs, il y a une invocation de l'Esprit (épiclèse) non sur les espèces, afin qu'elles soient "magiquement" transformés en corps et sang du Christ, mais sur les fidèles pour qu'ils puissent communier au corps et au sang du Christ. Ce n'est donc pas le pain et le vin qui sont transformés, mais les fidèles qui peuvent alors reconnaitre dans ce pain et ce vin la Présence du Christ. Cela implique donc leur participation et leur foi. C'est pourquoi, je ne pourrais dire que quelqu'un qui communierait sans du tout connaître la foi chrétienne, sans être au courant de ce qui se déroule dans cette cérémonie, sans s'y impliquer existentiellement puisse de manière "automatique" recevoir une "graine de divin qui grandirait en lui". Il me semble que c'est là une vision trop matérialiste de l'eucharistie.