
Pourquoi cette méfiance vis-à-vis des images dans les églises?
je viens de rentrer de vacances pendant lesquelles je suis allé deux fois à Einsiedeln. ayant lu le livre d'or ici, il me vient une question, ou peut-être même plusieurs: j'ai lu dans le livre d'or qu'une personne appellait des "grenouilles de bénitier" des personnes qui aiment des images dans les églises. pourquoi est-ce les images, et le fait d'en éprouver un certain besoin est si mauvais, et si mal vu? personellement, je déplore l'absence d'images dans les temples protestants. bien sur je ne dis pas qu'il faut en venir au faste des églises baroques catholiques-romaines, loin de là, mais les rares fois que je trouves un temple protestant ouvert (encore une chose triste, les églises protestantes sont rarement ouvertes pour ceux qui cherchent un endoit pour la prière et le receuillement autre que chez soi avec ses mille distractions), je le trouve rarement chaleureux et invitant à la prière. ce sont souvent des endroits froids et austères (des exceptions existent bien sur, mais elles
es). c'est dommage!
personellement, j'ai bon nombre d'icônes chez moi. elles sont comme une fenêtre
vers une autre réalité, une invitation à la méditation, à la prière, un pense-bête
de la présence de Dieu, un poème écrit à un Bien-Aimé. pourquoi est-ce si mal
vu? ma fille qui a 7 ans apprécie beaucoup ces images, et les images dans les
églises catholiques, ou les iconostases des églises orthodoxes. elle ne sait
pas encore bien lire, alors ces images lui racontent des histoires, et lui donnent
des occasions de me poser des questions.
Merci!
Bonjour Nakht,
Vous faites en effet allusion à un commentaire assez violent dans le livre d'or
de Roger (14.12.06) par rapport à une réponse de ma part sur cette question
(à David du 8.12.06).
Cette réaction violente montre qu'on touche là à un élément sensible de l'identité
protestante. Partant du commandement de l'Ancien Testament de ne pas se faire
d'images de Dieu et de ne pas se fabriquer d'idoles, et devant l'excès de la
piété populaire face aux images et statues, les protestants (surtout les réformés)
en sont venus à bannir toutes les images de leurs lieux de culte! Et ils ont
transformé cette usage en "idolâtrie conceptuelle", si je peux m'exprimer ainsi
(car pour moi, il n'y a pas que les "idoles de pierre", il y a plus sournoises,
les idoles mentales, quand on enferme Dieu dans des conceptions identitaires
très humaines!)...
Or cette absence d'images peut tout à fait être mise en question, notamment
par la riche théologie orthodoxe de l'icône, qui se fonde sur l'Incarnation
(centre de la foi chrétienne). Comme vous l'écrivez, les icônes (peintes selon
des règles très strictes et dans un esprit de prière, et qui ne représentent jamais
Dieu le Père totalement transcendant) sont des fenêtres ouvertes sur l'au-delà...
L'essentiel est que l'image ne capte pas l'attention pour elle-même (processus
idolatrique) mais qu'elle renvoie au-delà de sa matérialité à la Réalité spirituelle
qu'elle représente. Je suis d'accord avec vous aussi sur le caractère pédagogique
de telles images, ce que nous utilisons souvent en catéchèse...
Entre le refus péremptoire de toute image et la dévotion excessive aux images,
il y a place pour une théologie (et une pratique) spirituelle de l'image fondée
sur l'incarnation et le fait que la Présence divine , si elle se manifeste avant
tout par l'écoute d'une Parole peut aussi devenir "visible" (car "le Logos s'es fait
chair") et perceptible par tous nos sens transfigurés.
personellement, j'ai bon nombre d'icônes chez moi. elles sont comme une fenêtre
vers une autre réalité, une invitation à la méditation, à la prière, un pense-bête
de la présence de Dieu, un poème écrit à un Bien-Aimé. pourquoi est-ce si mal
vu? ma fille qui a 7 ans apprécie beaucoup ces images, et les images dans les
églises catholiques, ou les iconostases des églises orthodoxes. elle ne sait
pas encore bien lire, alors ces images lui racontent des histoires, et lui donnent
des occasions de me poser des questions.
Merci!
Bonjour Nakht,
Vous faites en effet allusion à un commentaire assez violent dans le livre d'or
de Roger (14.12.06) par rapport à une réponse de ma part sur cette question
(à David du 8.12.06).
Cette réaction violente montre qu'on touche là à un élément sensible de l'identité
protestante. Partant du commandement de l'Ancien Testament de ne pas se faire
d'images de Dieu et de ne pas se fabriquer d'idoles, et devant l'excès de la
piété populaire face aux images et statues, les protestants (surtout les réformés)
en sont venus à bannir toutes les images de leurs lieux de culte! Et ils ont
transformé cette usage en "idolâtrie conceptuelle", si je peux m'exprimer ainsi
(car pour moi, il n'y a pas que les "idoles de pierre", il y a plus sournoises,
les idoles mentales, quand on enferme Dieu dans des conceptions identitaires
très humaines!)...
Or cette absence d'images peut tout à fait être mise en question, notamment
par la riche théologie orthodoxe de l'icône, qui se fonde sur l'Incarnation
(centre de la foi chrétienne). Comme vous l'écrivez, les icônes (peintes selon
des règles très strictes et dans un esprit de prière, et qui ne représentent jamais
Dieu le Père totalement transcendant) sont des fenêtres ouvertes sur l'au-delà...
L'essentiel est que l'image ne capte pas l'attention pour elle-même (processus
idolatrique) mais qu'elle renvoie au-delà de sa matérialité à la Réalité spirituelle
qu'elle représente. Je suis d'accord avec vous aussi sur le caractère pédagogique
de telles images, ce que nous utilisons souvent en catéchèse...
Entre le refus péremptoire de toute image et la dévotion excessive aux images,
il y a place pour une théologie (et une pratique) spirituelle de l'image fondée
sur l'incarnation et le fait que la Présence divine , si elle se manifeste avant
tout par l'écoute d'une Parole peut aussi devenir "visible" (car "le Logos s'es fait
chair") et perceptible par tous nos sens transfigurés.

